L’immigration qui contribue
et contribuera toujours davantage au peuplement du Vieux Monde renvoie les
nations européennes et l’Europe elle-même à la question de leur identité. Les
individus cosmopolites que nous étions spontanément font, sous le choc de l’altérité,
la découverte de leur être. Découverte précieuse, découverte périlleuse : il
nous faut combattre la tentation ethnocentrique de persécuter les différences
et de nous ériger en modèle idéal, sans pour autant succomber à la tentation
pénitentielle de nous déprendre de nous-mêmes pour expier nos fautes. La bonne
conscience nous est interdite mais il y a des limites à la mauvaise conscience.
Notre héritage, qui ne fait certes pas de nous des êtres supérieurs, mérite
d’être préservé, entretenu et transmis aussi bien aux autochtones qu’aux
nouveaux arrivants. Reste à savoir, dans un monde qui remplace l’art de lire
par l’interconnexion permanente et qui proscrit l’élitisme culturel au nom de
l’égalité, s’il est encore possible d’hériter et de transmettre.
Comment peut-on être Français ?
Écrits 1971-2011 sur l'immigration, le racisme et l'identité nationale