martes, 2 de octubre de 2018

Fracture numérique, fracture sociale : aux frontières de l’intégration et de l’exclusion

Luc Vodoz, « Fracture numérique, fracture sociale : aux frontières de l'intégration et de l'exclusion », SociologieS [En ligne], Dossiers, Frontières sociales, frontières culturelles, frontières techniques, mis en ligne le 27 décembre 2010, consulté le 02 octobre 2018. URL : http://journals.openedition.org/sociologies/3333

« L’école numérique, c’est un choix pédagogique irrationnel car on n’apprend pas mieux, et souvent moins bien, par l’intermédiaire d’écrans. C’est le gaspillage de ressources rares et la mise en décharge sauvage de résidus dangereux à l’autre bout de la planète. C’est une étonnante prise de risque sanitaire quand les effets des objets connectés sur les cerveaux des jeunes demeurent mal connus. C’est ignorer les risques psychosociaux qui pèsent sur des enfants happés par le numérique ».
«Alors un ordinateur ou une tablette par élève, la panacée ? L’école numérisée, c’est d’abord un choix irrationnel, domaine où toute notion d’innovation a été confisquée par la fascination pour la technique. (…) À la Waldorf School of the Peninsula, école privée de Los Altos en Californie, on peint, on récite au tableau, on fait des expériences scientifiques, on jardine, sculpte et tricote – garçons et filles. Il n’y a pas d’ordinateurs en classes primaires et un usage très limité des technologies dans le secondaire. Même la sonnerie de l’école se fait avec une cloche manuelle. Cette école, c’est celle qui accueille une grande majorité d’enfants des cadres de la Silicon valley ».
 « Les pays qui ont consenti d’importants investissements dans les technologies de l’information et de la communication dans le domaine de l’éducation n’ont enregistré aucune amélioration notable des résultats de leurs élèves en compréhension de l’écrit, en mathématiques et en sciences (OCDE/PISA « connectés pour apprendre ?, les élèves et les nouvelles technologies », 2015).
Par quoi l’élève est-il motivé dans l’école numérique : par la tâche d’apprentissage, ou par l’outil lui-même ?
Et si l’école restait une zone de refuge ?  L’école sans écran pourrait ainsi venir s’interposer entre les enfants et une culture de l’immédiateté qui le sollicite, chaque jour, un peu plus. « C’est une force sociale, un contre-pouvoir à la soif de vitesse de l’économie. »
« l’école numérique n’a pas eu raison des fractures sociales, elle les a simplement déplacées. »
« Digitaliser les enfances, c’est non seulement renoncer à la prérogative d’éduquer nous-mêmes nos enfants, mais aussi ouvrir la boîte de Pandore internet à un âge ou les risques encourus sont supérieurs aux bénéfices espérés ».

Philippe Bihouix, Karine Mauvilly, Le Désastre de l’école numérique. Plaidoyer pour une école sans écrans, Paris, Seuil, 2016.

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